MÉTALLURGIE QUÉBÉCOISE : GARDONS LA FLAMME
Alors que les impacts de la guerre tarifaire avec les États-Unis commencent à se faire sentir des deux côtés de la frontière, l’industrie métallurgique québécoise se mobilise dans un appel à la solidarité.
Depuis des décennies, nos mines, nos fonderies, nos usines et nos ateliers animent la vie économique de régions entières. Pour plusieurs collectivités, les activités liées à la production et à la première transformation des métaux sont le moteur même de l’ensemble de l’activité économique.
Devant les pressions exercées par notre principal partenaire commercial, qui absorbe à lui seul plus de 80 % de nos exportations issues de la production et de la première transformation, nous devons redoubler de vigilance en réduisant les vulnérabilités et en consolidant la chaîne d’approvisionnement de notre industrie. Et nous avons les moyens d’y parvenir.
Priorité aux matériaux d’ici
La première réponse doit provenir de nos propres marchés publics : il est impératif que les gouvernements, y compris les municipalités, donnent la priorité aux matériaux et produits issus du territoire canadien, qu’il s’agisse d’acier, d’aluminium, de cuivre ou encore de bois. Soutenir les produits d’ici, c’est d’abord soutenir les hommes et les femmes qui forgent littéralement la prospérité de leur région.
Laisser faiblir notre capacité de production dans un tel contexte serait compromettre non seulement des emplois bien rémunérés, mais aussi des savoir‑faire irremplaçables accumulés au fil des générations. Sans compter que les entreprises de production et de première transformation contribuent directement à tout un écosystème : fournisseurs, transporteurs, PME spécialisées, commerces de proximité, services publics et bien d’autres.
Maintenir notre leadership
Alors que le monde entier cherche à verdir ses approvisionnements, le Québec se distingue grâce à une énergie renouvelable et abondante, qui confère à notre industrie une empreinte carbone parmi les plus faibles au monde. Soutenir l’expansion et la modernisation de la métallurgie québécoise, c’est miser sur une transition verte déjà en marche, qui a fait ses preuves et qui mène le pas dans son secteur à travers le monde.
À défaut de préserver leur avance, le Québec et le Canada pourraient se retrouver dans une situation où l’industrie métallurgique devra déployer des efforts colossaux pour rattraper des concurrents étrangers qui, eux, continuent d’investir. N’oublions pas que les turbulences actuelles, si elles sont temporaires, peuvent affecter à long terme la compétitivité d’une industrie comme la métallurgie, qui se construit — ou se perd — sur plusieurs décennies.
Des solutions à portée de main
Les solutions sont connues, réalistes et accessibles. L’une d’entre elles consiste à accroître et diversifier nos débouchés commerciaux afin de réduire les risques d’un marché unique trop dominant. L’Europe, l’Asie et les pays voisins des Amériques recherchent des matériaux fiables et durables : le Québec peut et doit se positionner davantage.
Les marchés privés doivent aussi assumer un part de responsabilité. Alors que le Québec et le Canada s’engagent dans une accélération de la construction dans le secteur résidentiel et envisagent d’immenses projets structurants dans les infrastructures, dans les secteurs ferroviaire, maritime et dans l’aérospatiale, tous ces chantiers constituent autant d’occasions pour que la richesse collective engendrée par ces projets demeure chez nous.
Si nous reconnaissons les efforts déployés par les gouvernements jusqu’à maintenant pour accompagner l’industrie métallurgique, lesquels reconnaissent l’importance stratégique de nos activités, il reste que la situation actuelle exige d’aller encore plus loin, avec des outils mieux adaptés aux défis structurels qui se dressent devant nous. Comme par exemple, s’assurer que les marchés publics de tout ordre favorisent les entreprises canadiennes et québécoises dans leur dotation de contrat.
La métallurgie québécoise et canadienne n’est pas seulement un pilier industriel : elle est une communauté vivante, un monde d’ingéniosité qui façonne nos bâtiments, nos infrastructures, notre monde. Donnons-nous les moyens de la faire grandir.
Kevin Gagnon
Coprésident syndical
Comité sectoriel de main-d’œuvre de la métallurgie du Québec
Steve Morin
Coprésident patronal
Comité sectoriel de main-d’œuvre de la métallurgie du Québec
Dans les médias
Métallurgie québécoise: protégeons ce qui nous fait vivre (Les Affaires, 14 octobre 2025)
Guerre tarifaire : l’industrie du métal réclame la solidarité des gouvernements (106,9 Mauricie, 14 octobre 2025)
Métallurgie québécoise: gardons la flamme (Journal de Montréal, 15 octobre 2025)